Les mots des autres
Les mots des autres
Nous vivons entouré de mots, de mots chocs, de citations, de slogans, de juste fais le, et de phrases toutes faites.
Les un tiens vaut mieux qu’à la fin elle se casse ne m’inspirent pas.
Partout des slogans comme : le violet c’est le nouvel orange … et là c’est la tuile. Vous n’aviez pas tilté ce changement de ton et hop vous avez déjà une couleur de retard. Essayez de porter les deux nuances en même temps pendant quelques temps genre j’ai digéré tout ça, je fais ma propre sauce. Ensuite oubliez tout et recommencez à vous habillez en noir.
Je n’aime pas réduire un auteur à quelques phrases. Certes, cela permet de donner sa chance à tous mais qui à envie de se réveiller tous les matins en face de cette phrase de Schopenhauer : “La vie oscille, tel un pendule, de l’ennui à la souffrance” ?
Est ce que cela te sert dans la vie si tu ne passes pas le bac de philo ?
Grâce à ma retraite éveillée au fond d’un ashram breton j’ai pu constater les effets de ce ressourcement. Ainsi, vous êtes installé confortablement aux toilettes et votre regard se porte vers la porte face à vous et cette citation de Confucius vous apaise : « Le bonheur ne se trouve pas au sommet de la montagne mais dans la façon de la gravir »… est-ce que cela vous aide ? Votre transit vous en sera sûrement reconnaissant …
Vous rentrez d’une ballade en bord de plage et vous avez cédé au ramassage de galets et de coquillages ?
Qu’à cela ne tienne. Il vous faut vite un atelier CMQLF cailloux peints un peu à la manière des cours de EMT, travaux manuels quoi mais sans scie sauteuse ; un gros feutre suffira et l’inspiration la voilà. Le Dalaî-Lama, Christian Bobin, Rumi. Rumi ? Oui un poète perse du 13ème, très populaire sur les réseaux sociaux, cité par ci et repris par là.
Dans la mode c’est un festival, de Mademoiselle Chanel à Karl Lagerfeld en passant par les couturièr(e)s tous les grandes phrases de la mode sont réunies.
Le chic étant de tomber sur celui ou celle qui s’est fait une spécialité des mots des autres. Les délaissés du style, les Oscar Wilde des divans, les Victoria Beckam des podiums. Et non, ce n’est pas en citant les grand(e)s génies des mots que cela va déteindre sur nous.
Ces mots de Virginia Woolf : Vaines bagatelles qu’ils semblent être, les vêtements ont, disent-ils, un destin plus important que de nous tenir chaud. Ils changent notre vision du monde et le point de vue du monde sur nous. »
Voilà des femmes, des hommes parfois, des philosophes, des écrivaines qui ont passé leur vie à écrire, à poéter, à se lever aux aurores, pour prier, pour mettre des mots en forme, à lancer des modes, des théories, des mouvements de pensée bref pas des grosses feignasses, certain(e)s se sont suicidé(e)s même.
Et ils passent à la postérité Instagramm en forme de stickers pour être collées sur le frigo… un peu de respect. Au grand magasin de bricolage c’est drôle, on peut acheter Platon sur un miroir. Bouddha est vernis, il est carrément transformé en pied de lampe pour le salon. Avons-nous si peu de repères, devons-nous laissez le décorateur de Leroy Merlin décider pour nous sous quels mots nous allons nous asseoir les 5 prochaines années ? Et si ce poème, vu dernièrement sur les réseaux à su vous séduire, n’est-il pas temps de donner sa chance à l’auteur et d’ouvrir son livre ?
Personnellement, j’hésite entre mettre sur le mur de ma cuisine cette réplique de Johnny dans Dirty Dancing :
« On ne laisse pas Bébé dans un coin »
Ou les mots de Jenny Lamour dans la bouche de Suzy Delair :
« Avec son tralala
son petit tralala
elle n’avait pas besoin de castagnettes
car son p’tit tralala
était si tralala
que nulle part y’en avait un comme ça… »
Et comme dirait Arnold S. dans Terminator 2 « Hasta la vista Baby »
Une jolie phrase n’est pas une « réduction » de l’écrivain mais une petite fenêtre qui s’ouvre sur son oeuvre. Libre à chacun d’aller y voir de plus près, et faute de « déteindre » sur nous, ces mots peuvent nous donner le goût de découvrir un nouvel horizon.
Quand on revient d’un beau voyage, on ne ramène pas le paysage dans ses bagages mais une petite photo…..une évocation.
La petite phrase n’est pas une fin en soi mais le souvenir d’un beau moment de lecture ou le point de départ d’une nouvelle expérience.
Allez Ramona, ton humour est toujours aussi réjouissant que décapant et c’est pour cela que j’attends le lundi matin avec impatience, pour y retrouver…..des phrases bien tournées, subtiles ou rigolotes, des mots drôles qui donnent envie de connaître l’auteure.